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De mon enfance en Bretagne, parmi d'autres, il me reste le souvenir d'une visite de la base de sous-marins de Lorient : Keroman (je viens de découvrir son nom en faisant quelques recherches). Ce gigantesque bunker construit par l'envahisseur nazi pendant la deuxième guerre mondiale (en 1941) a connu une seconde vie en conservant ses fonctions au profit de la marine nationale jusqu'en 1997.
Du milieu des années 1970 au début des années 80, Lorient est une ville que nous visitons souvent, je ne me rappelle plus vraiment pourquoi, je suis très jeune, surement parce qu'elle est mieux achalandée que Pontivy où nous résidons et qu'elle se trouve en bord de mer, grande passion de mes parents.
Il ne me reste pourtant deux ou trois souvenirs de cette ville : à l'occasion de l'une de ces ballades, nous avons participé à la visite d'un sous-marin amarré dans cette imposante base : odeurs d'iode, de carburant, de béton. Je n'ai jamais aimé les ports, ni la mer en général, même quand on m'y présente un gros jouet, et pourtant, s'il existait, dieu saurait que j'aime ce genre de gros bidules en métal.
Aparté : un autre souvenir de Lorient est le festival interceltique, le son d'un biniou ou d'une cornemuse fait toujours se hérisser mes poils et s'accélérer mon pouls. Je ne suis pas sûr d'être de généalogie celte, c'est peut-être ce souvenir gravé dans ma jeune mémoire malléable qui m'émeut et me bouleverse encore aujourd'hui si longtemps après, ou le sang qui parle. Je ne sais pas.
Le dernier souvenir est un passage obligé, celui que nous faisions à chaque fois à la crêperie "Saint-Georges", je ne sais pas si elle existe encore (en tout cas sous sa forme de l'époque), et d'une fabuleuse crêpe à la crème de marrons. J'en sens encore le parfum enivrant et la redoutable suavité sur ma langue : j'en salive encore quatre décennies plus tard. Bref.
Revenons à notre bunker.
Ce bâtiment doit sa persistance au fait qu'il serait très compliqué à détruire compte tenu de sa structure extrêmement lourde constituée de plus d'un millions de mètres cube de béton, en tous cas c'est ce que l'on m'a expliqué à l'époque. De là à penser qu'il serait éternel, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement.
Pour ceux qui sont familiers de la culture maçonnique, il y a bien sûr un jeu de mot facile (d'où l'accord au masculin de l'adjectif), mais qui a dit que la facilité ne pouvait pas être jouissive ? Un peu d'humour ne fait jamais de mal par les temps qui courent.
Il est toujours intéressant d'intriquer plusieurs éléments culturels d'origines différentes dans une création, même si cela finit par un calembour. L'humour est une forme de pensée, une ontologie, une catharsis.
Mais ce n'est qu'un dessin...
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