Squares 2 / Page 11 -
Les confinements des années 2020 et 2021 resteront dans les mémoires de ceux qui les ont vécus comme des évènements essentiellement différents selon la sensibilité et la situation de chacun. Certains les auront vécu comme des épreuves, d'autres comme des bénédictions. J'appartiens à la seconde catégorie.
Je peux me passer relativement facilement de certains conforts de la vie moderne : mon enfance en Algérie avec son quotidien émaillé de coupures d'eau, de coupures d'électricité et de pénuries diverses et variées m'a appris à porter assez peu d'intérêt aux contingences matérielles. Quarante années plus tard, je suis encore parfois étonné que l'eau coule lorsque je tourne un robinet, qu'une ampoule s'allume lorsque que j'actionne un interrupteur, c'est dire comme ce conditionnement a été efficace.
De même étant essentiellement une créature d'intérieur, la déprivation partielle de liberté m'a assez peu affectée. Il me suffit d'un bon livre et de quelques feuilles de papier pour m'occuper une journée : mon logis regorgeant de ce genre de trésors, j'étais fourni pour tenir des semaines voire des mois sans l'ombre d'un souci.
C'est la période de ma vie où je me suis le plus cultivé. Lecture, musique, films : j'ai passé ces quelques mois d'isolement à engloutir des masses de données culturelles, a essayer de combler des lacunes - surtout pour en découvrir d'autres - entrainant d'autres curiosités, d'autres lectures.
C'est aussi un temps que j'ai mis à profit pour créer : tous les jours, j'ai dessiné, peint, sculpté, écrit. Ces espaces de méditation, hors de la pression quotidienne habituelle et de ses sollicitations incessantes, ont été extrêmement prolifiques. Les quelques dizaines de toiles, les centaines de dessins et les deux livres que j'ai produit durant ces périodes auraient mis beaucoup plus de temps à sortir de mon esprit dans un contexte normal.
Ce dessin est une vision fantasmée d'un confinement "à la" Chet Baker (1929-1988), un air de jazz, "My funny Valentine"(1952), flottant dans un loft newyorkais, un fauteuil "La Chaise" (1948) de Charles et Ray Eames (1907-1978 / 1912-1988) dans lequel je ne sais pas s'il est possible de jouer correctement de la trompette, mais dont j'adore le design intemporel, la trompette du maestro et une bouteille de bourbon pour le style (je bois peu et je ne fume pas).
De quoi passer une drôle de quarantaine.
Mais ce n'est qu'un dessin...
Commentaires
Enregistrer un commentaire