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Vieillir me préoccupe, non pas sur un plan esthétique ou médical (bien que le médical se rappelle régulièrement à mon bon souvenir), mais sur un plan chronologique. Vieillir ou grandir, c'est parfois changer de centres d'intérêt, ou les apprécier différemment. C'est aussi voir la relation du monde à ces items varier.
"Goldorak" (UFO Robot Grendizer - Japon 1978) est le premier manga à avoir pénétré les media français, en 1978. Avant son arrivée le dessin-animé en France était une chasse gardée américaine avec les production Disney et Warner. L'arrivée de ce robot géant sur Antenne2 (devenue France 2 en 1992), le mercredi après-midi, a changé pour toujours le regard des générations suivante sur l'animation, le japon et la science-fiction.
"La planète des singes" (Planet of the apes - USA 1968) est l'un de mes premiers souvenirs cinématographiques, durant les années 70/80 il passe chaque année à la télévision. La scène finale où le héros, le cosmonaute George Taylor, découvre que la planète étrange et dominée par les singes où il a atterri, n'est autre que la Terre qu'il a quitté 2006 ans plus tôt pour une mission spatiale en animation suspendue et qui a entre temps été ravagée par la folie des hommes.
Dans le film c'est devant la statue de la liberté, à moitié enfouie sous le sable d'une plage, que le héros s'effondre, lorsqu'il est soudain frappé par l'apocalypse et sa compréhension. c'est une scène qui a presque à elle seule fait la renommée du film, et qui a marqué les esprits de ses nombreux spectateurs.
À mon humble échelle, j'ai pu constater avec le temps, la lente érosion du véritable culte infantile porté à Goldorak, son naufrage progressif vers les limbes, jusqu'à son oubli presque total par une partie des nouvelles générations. Pourtant quelle merveille, quel choc, ce dessin animé sans chat, ni souris, ni lapin, ni princesse, avec de gigantesques robots que se battaient férocement qui pour défendre, qui pour envahir la Terre.
Tellement "férocement" d'ailleurs que Ségolène Royal, alors future non-présidente de notre beau pays, avait jugé bon dans son livre "Le ras-le-bol des bébés zappeurs" (1989) de s'en prendre aux mangas pour leur contenu violent avec, il faut le dire "férocité". Mais c'est une autre histoire (et une autre catastrophe, le livre comme son auteure).
Il y a quelques années j'ai fait un dessin représentant ce magnifique et fier robot : un teenager le regarde et me demande "C'est quoi ?". Intérieurement je me suis senti comme le capitaine George Taylor contemplant les ruines d'un passé à jamais balayé par le temps. D'où ce dessin.
Mais ce n'est qu'un dessin...
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