"L'origine des religions"

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"L'origine du monde"(1866) de Gustave Courbet (1819-1877) est l'un des tableaux les plus importants de l'histoire de l'art occidental. D'abord par sa franchise, son honnêteté : ici pas de prétexte, pas d'excuse, pas de mythologie ni de religion. Ici l'un des principaux, sinon le seul sujet de toute pratique artistique, le sexe, est abordé de la façon la plus frontale, la plus simple et la plus naturelle possible. Une rupture totale avec des siècles d'hypocrisie.

A-t'on étudié toutes les formes de stratégies utilisées par les artistes pour créer, et par leurs clients pour détenir, des œuvres représentant le sexe humain : se camoufler en  épisodes des mythologies grecques ou chrétienne, en métaphores, en représentation d'évènements historiques, etc ? Malheureusement à des époques et dans des sociétés où la sexualité était invisibilisée et réprimée, la libido, irrépressible expression du vivant, a dû trouver des chemins détournés pour s'exprimer.

La haine des religions patriarcales à l'encontre du corps, du sexe, des sexualités et des femmes (entre autres), se double souvent -toujours?- d'un amour obsessionnel pour la mort . Partout où ces dogmes ont exercé un pouvoir séculier exclusif, oppression, répression et censure ont toujours été appliqués avec inhumanité et férocité. 

Sans même parler de pornographie, l'érotisme, au sens "d'amour de la vie", est forcément l'antithèse de ces idéologies qui aimeraient vous obliger à ne penser le présent que par le filtre d'un avenir morbide dont elles seules détiennent les clefs. 

Le sexe du modèle de Courbet (Contance Quéniaux 1832-1908), érigé en sujet unique d'une œuvre d'art au même titre, au même niveau, que tous les dieux et saints avant lui, s'affiche victorieux de toutes ces années d'obscurantisme. Et bien que cette victoire fut dissimulée durant plusieurs décennies derrière un autre tableau, elle trône désormais aux yeux de tous au musée d'Orsay, haut lieu de la culture mondiale.

Voilà pourquoi j'ai créé cette version post mortem du génial tableau de Courbet, une antithèse à cette "Origine du monde" riche et vivante : une "Origine des religions", sèche et squelettique, fidèle au commandement jésuite "Perinde ac si cadaver esset" (Comporte toi comme un cadavre) si représentatif de ces sombres dogmes. 

Comme l'actualité nous le prouve encore souvent, la liberté sexuelle est la première victime des résurgences religieuses. Triste constat.

Mais ce n'est qu'un dessin...